Il y a quelques semaines de cela, j'ai eu la surprise de recevoir dans ma boite au lettre un message, non sollicite de Mr Francois Bayrou, candidat a la Presidence de la Republique francaise. Je n'y aurais pas prete grand cas si je n'avais depuis recu plusieurs autres messages, tous aussi inattendus, d'autres pretendant(e)s au trone republicain. J'ai donc decide d'en faire profiter tout un chacun et de poster sur mon blog chacune de ces lettres. J'en preserve volontairement, et dans la mesure du possible, le formatage.
J'ouvre le bal avec, dans l'ordre chronologique, Mr Bayrou.
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Chère Madame, cher Monsieur,
Dans quelques jours maintenant, les Français vont devoir élire le prochain président de la République, et, par leur vote, engager l’avenir de notre pays, à un moment où il doit faire face, tout le monde en convient, à des enjeux essentiels. Des solutions qui leur seront apportées dépend, plus que jamais, le futur de notre société et donc celui de nos enfants.
Notre pays est un grand pays. Le rayonnement de la France dans le monde est grand, et il est surtout porteur d’espoir pour de nombreux peuples en proie à tellement de difficultés. Or, pour l’immense majorité d’entre eux, le seul contact qu’ils auront jamais avec la France sera l’image que les Français de l’Etranger leur apportent.
Je suis très conscient de cette responsabilité qui est la vôtre, comme je suis très conscient des problèmes spécifiques qui sont ceux des communautés d’expatriés. La présence française à l’étranger est un élément capital de la politique de notre pays, politique économique et culturelle, et j’estime qu’elle doit être encouragée, soutenue et renforcée.
Elu président de la République, je veillerai tout d’abord à ce que le réseau de nos établissements d’enseignement à l’étranger, déjà le premier au monde, soit non seulement maintenu, mais développé. C’est en effet l’une des préoccupations majeures, et bien naturelle, des parents amenés à s’expatrier pour des raisons professionnelles que de pouvoir assurer là où ils se trouvent la meilleure éducation possible pour leurs enfants. De plus, le système d’éducation français est sans aucun doute l’un des plus performants au monde, et partout où il existe une école française, on sait bien que très nombreux sont les enfants étrangers qui la fréquentent. Nous avons ainsi, grâce à ce réseau
d’établissements, un moyen extraordinaire de développement de notre langue, de notre culture, de notre conception de la société, de notre influence dans le monde, que nous devons mieux et davantage utiliser. Et là où le nombre d’enfants français ou francophones ne serait pas suffisant pour ouvrir une école, une négociation sera entreprise avec les gouvernements des pays concernés pour la présence d’enseignants français au sein des écoles locales.
Les conditions d’accès des enfants de Français expatriés au service public scolaire doivent être les mêmes que celles des enfants de métropole, cela va pour moi de soi, car il s’agit du principe de l’égalité des citoyens devant la loi. Il n’est pas acceptable que certaines familles françaises soient obligées d’inscrire leurs enfants dans des écoles étrangères faute de pouvoir payer les droits d’écolage dans les établissements français. Le développement du réseau scolaire permettra également à un certain nombre d’enseignants résidant à l’étranger, et je pense essentiellement aux conjoints, de trouver un emploi leur permettant de poursuivre leur carrière administrative, avec un recrutement prioritaire.
Il me paraît, d’autre part, juste et légitime que les Français de l’Etranger puissent bénéficier d’une protection sociale identique, avec des modalités d’adaptation à définir, à celle dont bénéficient non seulement leurs compatriotes habitant la métropole, mais aussi les Etrangers résidant en France. A cette question est reliée celle du retour et de la réinsertion sociale, à la fin de la période d’expatriation, et, indirectement, celle de la valorisation professionnelle de l’expérience acquise. Trop souvent, en effet, je le sais, l’expatrié rentrant au pays est plutôt pénalisé dans sa carrière, ce qui n’est pas acceptable.
Ces mesures, qui sont des mesures de simple justice sociale, et que je m’attacherai à mettre en œuvre sans délai si je suis élu, peuvent être financées de différentes façons, en faisant par exemple appel au système mutualiste et au partenariat socio-professionnel, et elles feront l’objet d’une étude spécifique dans le cadre de la réforme globale des systèmes de retraites qui sera l’un des grands chantiers du prochain quinquennat.
Je souhaite d’autre part que le réseau consulaire français, longtemps le premier du monde, soit maintenu, tout en s’adaptant aux mouvements du monde, et que ses effectifs, au lieu d’être sans cesse réduits, soient au contraire renforcés, par un redéploiement des personnels du Quai d’Orsay.
Enfin, je m’engage à ce que les Français de l’Etranger puissent, avant la fin du mandat qui me sera confié par les électeurs, élire au suffrage direct et parmi eux, leurs représentants à l’Assemblée nationale. Cela pose, j’en suis conscient, d’importants problèmes d’organisation, notamment liés à la souveraineté des Etats, mais difficile ne veut pas dire impossible. Et il me paraît sain que la voix de nos compatriotes expatriés puisse se faire entendre directement au sein de la Représentation nationale, aux côtés de leurs sénateurs.
Pour être respectée, pour asseoir et développer son influence politique, économique, culturelle, commerciale, la France doit impérativement s’attacher à rétablir une image de grande puissance qui s’est peu à peu, il faut savoir le reconnaître, affadie au fil du temps. L’amélioration des conditions de vie des Français de l’Etranger et les incitations à renforcer leur présence dans le monde, auprès des entreprises notamment, y contribueront grandement, et c’est pourquoi j’y suis particulièrement sensible.
Si je suis élu, un délégué interministériel sera nommé, qui sera chargé, en étroite coopération avec les administrations, institutions, organismes et associations plus spécialement concernés par la communauté française expatriée, de recenser leurs problèmes spécifiques, outre ceux que je viens d’évoquer, de proposer puis de mettre en œuvre dans les meilleurs délais possibles des solutions adaptées, et je m’engage à y veiller personnellement.
Je vous prie de croire, chers Compatriotes de l’Etranger, à l’assurance de mes sentiments les plus cordiaux.
François BAYROU